Ethocom - Ethologue (spécialiste du comportement animal)

L’intelligence : de quoi sont capables les animaux ?



L’éthologie permet de répondre à de nombreuses questions : combien de mots un chien peut-il apprendre ? Un singe est-il capable de parler notre langage ? Les oiseaux et les primates sont-ils les seuls à utiliser des outils ? Dans quelles circonstances les animaux mentent-ils ?

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Découvrez des comportements passionnants, des erreurs expérimentales légendaires, des explications surprenantes, des individus attachants comme Alex, Chaser, Wattana et bien d’autres.


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Prix : 12.90 €
102 pages
Format A5
ISBN : 978-2-9548746-1-6


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Un exemple : L’UTILISATION D’OUTILS

• Que penser de l’exemple de la chimpanzé Lucy dont nous avons parlé au début de ce livre, qui refusait de monter aux arbres sans échelle ? Dans ce cas précis, l’utilisation d’un outil (l’échelle) est-elle une preuve d’intelligence alors que le singe n’en a nullement besoin ?

L’animal dans la Nature a souvent développé des stratégies qui ne nécessitent pas d’outils, est-ce moins efficace ? Un outil est-il vraiment indispensable ?
1- Certaines espèces ont développé un « instrument corporel », sorte d’outil intégré :
- L’appendice (filament + leurre) de la baudroie pour attirer des proies
- Les dents du morse, outil qui lui permet de creuser la glace, de se défendre…
- La queue des macaques utilisée en captivité pour attraper des objets à l’extérieur de leur cage
- Le bec énorme des calaos pour cueillir les fruits à l’extrémité des branches
La solution de l’instrument corporel a cependant ses limites : le risque d’un lien trop rigide entre une spécialisation poussée à l’extrême et l’environnement ou le comportement, ce qui pourrait limiter la capacité d’adaptation en cas de besoin.
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2- De nombreux exemples montrent que les animaux peuvent résoudre leurs problèmes sans outil, et sans spécialisation particulière :
• Creuser un terrier (araignée, fourmi fouisseuse…)
• Des fourmis (Solenopsis invicta) qui forment un radeau en s’agrégeant les unes aux autres pour traverser des rivières ou survivre à des inondations.
• Le gypaète barbu qui brise les os en les lâchant en plein vol. Des chercheurs ont d’ailleurs montré que cette technique demande un apprentissage chez les jeunes.


L’utilisation d’un outil
Contrairement à ce que l’on pensait il y a quelques années, les cas sont nombreux et les espèces concernées variées :
Les exemples les plus nombreux concernent l’alimentation :
• Le perroquet, qui est capable d’envelopper une noix dans une feuille pour éviter qu’elle ne glisse (« comme un torchon autour d’un bocal pour dévisser le couvercle »).
• Le passereau, qui coupe une brindille pour extraire un insecte d’une cavité.
• La loutre, qui utilise une pierre pour ouvrir des coquillages.
• Le chimpanzé, qui attrape des termites ou du miel avec une branche cassée et effeuillée
• Le vautour, qui tape avec des pierres sur les œufs d’autruche pour les casser.

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• Le crocodile, qui dispose des brindilles en équilibre sur le museau pour attirer les oiseaux, pendant la période de construction des nids.
• Le chien, qui est capable de déplacer un escabeau, ou une chaise, pour accéder à de la nourriture placée en hauteur ! Le raton-laveur a déjà été observé dans la même situation. L’éléphant également est capable de faire pareil.
• Parfois, la technique se révèle très complexe : c’est le cas des capucins qui ouvrent des fruits, à la coquille très dure, en les frappant avec une pierre. Cette technique nécessite un véritable apprentissage (position du fruit, choix de la pierre, mouvement…).

Mais contrairement à ce que l’on pensait il y a quelques années, l’utilisation d’un outil chez les animaux n’est pas limitée pour attraper de la nourriture, comme le prouvent les exemples suivants :
• L’oiseau à berceau, qui décore son nid avec une écorce trempée dans un mélange de jus de baie et d’eau
• Un passereau, qui coud une feuille roulée en cornet avec des toiles d’araignée et des fibres.
• Une espèce de guêpe solitaire, qui utilise un caillou pour damer la terre de son terrier
• Certaines fourmis, qui fabriquent leurs nids en utilisant des larves qu’elles tiennent entre les mandibules pour assembler des feuilles avec la soie qu’elles secrètent (dans ce cas, l’outil est un être vivant !).
• Le chimpanzé qui utilise un outil dans des dizaines de situations :
- un bâton pour détecter des odeurs (de fourmi ou de termite) et confirmer si c’est la peine de creuser ou non
- des armes (jet de pierre, de bâton)
- une éponge pour boire (quelques feuilles broyées pour augmenter leur capacité hygrophile)
- des feuilles pour retirer les poussières de leur fourrure
- des bâtons pour élargir des nids souterrains de guêpes
- et même des bidons empruntés à des humains pour intimider des concurrents en faisant du bruit (chimpanzé Mike).
Leur imagination est parfois sans limite : un chimpanzé dans un zoo mélangeait son urine à de la sciure de bois et s’en servait de projectile pour viser les visiteurs.
Certains outils servent à plusieurs utilisations, et certaines situations peuvent être résolues par différents outils.

Tous les grands singes utilisent-ils des outils ?
Si les chimpanzés se sont révélés de grands utilisateurs d’outils, les autres grands singes semblent moins privilégier cette solution.
Jusqu’à maintenant, un seul exemple a été observé chez les gorilles : il s’agit de l’utilisation d’une branche, par une femelle prénommée Leah, pour sonder la profondeur de l’eau.
Un orang outan a été également observé dans la même situation. Ce seraient d’ailleurs les 2èmes plus grands utilisateurs d’outils parmi les singes :
• dans la Nature, on a déjà observé le maniement d’outils pour l’extraction de petits animaux de cavités, de gants de feuilles pour se protéger des épines.
• d’autres cas ont été confirmés dans des zoos :
- l’utilisation de toile de jute sur la tête pour se protéger du soleil.
- Wattana (au Jardin des Plantes dans les années 2000) qui sait faire des nœuds complexes avec de la ficelle, de la laine ou même du tissu.
Les Bonobos « posent un problème » : ils semblent être très doués pour utiliser des outils en captivité, mais n’en utilisent pas dans la Nature. Les observations sont peut-être trop récentes pour tirer des conclusions.

Et le dauphin ?
• Jusqu’à aujourd’hui, un seul cas d’outil a été observé dans la Nature, mais les conditions d’observation étant très difficiles pour ces espèces, il ne serait pas surprenant qu’il en existe d’autres. Il s’agit de l’utilisation d’une éponge placée sur le rostre pendant l’exploration des fonds. Le dauphin relâche l’éponge juste au moment d’attraper la nourriture. Cette observation concernerait uniquement des femelles dans la Shark Bay. L’hypothèse actuelle serait que le dauphin protège ainsi son rostre (épines, divers débris, sable …).

Les arguments développés contre l’utilisation d’outils par les animaux ont été nombreux, mais les récentes découvertes ont permis de les réfuter un par un :
Les exemples ne seraient pas nombreux ?
=> Les centaines d’exemples d’utilisation d’outils par les animaux dans la Nature (mammifères, oiseaux, arthropodes…) ont obligé les chercheurs à établir une classification selon leur fonction et leur complexité ! Les chimpanzés à eux seuls utilisent plusieurs dizaines d’outils.

Les outils ne seraient pas fabriqués ?
=> Betty, un corvidé de Nouvelle-Calédonie, qui est capable de courber un fil de fer en forme de crochet pour attraper de la nourriture au fond d’un tube.
=> Les singes, qui savent emboîter des bâtons pour en fabriquer un plus grand.
Bien sûr, l’humain, que certains qualifient d’Homo faber, utilisent des outils beaucoup plus complexes. On distingue chez l’humain trois stades de l’outil : l’invention, la fabrication et l’utilisation. Dans cette logique, on parle parfois de « préparation d’outils » chez les animaux, plutôt que de fabrication.

Les outils fabriqués ne le seraient que dans des conditions artificielles, et jamais dans la Nature ?
=> Pourtant, les pinsons sont capables de casser des bouts de bois à la bonne longueur dans la Nature
=> Et certains oiseaux ont été observés en train de couper une brindille et de l’effeuiller pour pouvoir l’utiliser.

L’utilisation des outils resterait très simple ?
=> Manipulation de plusieurs outils en même temps : le chimpanzé casse des noix en utilisant deux objets, l’un servant d’enclume et l’autre de marteau, et parfois même utilise un 3ème outil en stabilisant l’enclume avec une pierre.
=> Des corbeaux sont capables en situation expérimentale de manier un 1er outil pour accéder à un 2nd outil (par exemple une petite brindille pour attraper une brindille plus grande, nécessaire pour attraper une friandise).

Les animaux ne conserveraient jamais l’outil, mais le fabriqueraient de nouveau à chaque fois ?
=> Le pinson pic des Galapagos a été observé dans la Nature en train de se déplacer avec la brindille dans le bec pour extraire des larves d’insectes des orifices.

Beaucoup de contre-arguments sont donc « tombés » ces dernières années. _ Des chercheurs déjà convaincus s’amusent des détracteurs en argumentant qu’il ne manque plus aux animaux que la boîte à outils !

D’autres observations surprenantes ?
• Certaines espèces sont capables de coopérer pour utiliser un outil. Par exemple, tirer en tandem sur une corde pour obtenir un aliment (chimpanzé, hyène, perroquet gris du Gabon).
• Le rôle facilitant de la mère sur ses petits a été démontré chez les singes (aide pour choisir l’outil, pour repositionner l’outil …).
• Grâce à la Sélection Naturelle, des animaux ont développé des capacités, peut-être pas « intelligentes » au sens où on l’entend, mais qui surpassent de loin l’utilisation d’outils. A tel point d’ailleurs que nous les avons copiés plus d’une fois !
Parmi les dizaines d’exemples que l’on pourrait citer :
- les dispositifs anticollision des animaux qui vivent en groupe comme les criquets migrateurs, certains bancs de poissons, les vols d’étourneaux…
L’industrie automobile s’intéresse de près à ces systèmes.
- le pic vert, qui encaisse les vibrations des coups de bec sur les troncs d’arbre, a inspiré la forme des piolets.
- les graines de chardon qui s’accrochent très facilement grâce à de petits crochets sont à l’origine des fermetures à scratch.
- la trompe des moustiques, qui pique sans être détectée, a fortement intéressé la recherche pour des aiguilles indolores.

Le sommaire
- L’étude de l’intelligence des animaux commence réellement au XXème siècle !
- Qu’est-ce que l’intelligence ?
- Comment mesurer l’intelligence ?
- Attention à la méthode et aux interprétations !
- Le test du miroir, une étude représentative des difficultés
- Des comportements extraordinaires qui n’ont rien « d’intelligent » ?
- Des comportements incompréhensibles qui n’ont rien « de stupide » ?
- Des preuves d’intelligence chez les animaux ?
- Des indicateurs d’intelligence chez les animaux ? La capacité à compter, l’utilisation d’outils, le langage, la capacité à mentir
- De nouveaux sujets d’étude
- Conclusion


Ethocom - Juliette ARZEL - ethocom[@]sfr.fr - www.ethocom.fr

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